Assurer « l’egalité des chances » en EPS au lycée

Assurer « l’egalité des chances » en EPS au lycée

Juin 2019

Augustin l’un des jeunes champions de notre club est l’un des judokas qui, malgré son jeune âge, a l’un des palmarès les plus étoffé de la région : il compte au moins une quinzaine de titres de champion de département, champion de région, champion de toute la zone sud-est, de vice champion de France… Il a remporté pour le compte de son lycée, avec ses camarades de club d’ailleurs, la médaille de bronze aux championnats de France excellence de lutte UNSS. (La lutte n’est cependant pas leur spécialité). Il a la puissance musculaire d’un haltérophile (120 kilos au développé couché). L’endurance d’un marathonien : il est capable de se classer avec les meilleurs dans un marathon ou semi marathon… Il a un bon niveau en gymnastique acrobatique, également un bon niveau dans tous les sports collectifs, il a un très haut niveau dans toutes les disciplines de plein air : montagne, escalade, via ferrata, canoë-kayak, ski, voile, VTT… De plus il est gentil et discipliné. Et malgré tout cela, il a eu la note de 10,5 en éducation physique pour le bac. C’est l’une des plus basses de sa classe alors que des élèves n’ayant pas beaucoup de possibilités et de qualités sportives et ne lui arrivant pas à la cheville, ont eu des notes bien supérieures à la sienne. Ironie du système : il a été accepté en fac de sport (STAPS) à la rentrée et va obtenir le statut de sportifs de haut niveau.  Comment est-ce possible ? Ses parents se posent la question. Étant du métier je ne me la pose pas car je connais les processus qui permettent d’obtenir ce résultat. J’ai vu tout au long de ma carrière l’enseignement se dégrader, le niveau des lycéens et collégiens s’abaisser et bien entendus de façon concomitante le niveau des examens. Ceci est clairement démontré par le classement PISA de l’OCDE. La France n’a cessé de descendre au fil des années. Parti de très haut, nous sommes actuellement aux environs de la vingt-septième place de ce classement sur 35 pays évalués. L’objectif de l’enseignement n’est plus d’apporter aux élèves la connaissance et la culture mais d’assurer « l’égalité des chances ». Dans l’esprit de nos dirigeants depuis des dizaines d’années, cela ne veut pas dire que tout le monde ait accès à un enseignement de qualité mais tout le monde sorte avec à peu près le même niveau. Pour arriver à ce résultat on a déployé beaucoup d’imagination. Ce fut d’abord la carte scolaire pour essayer de mélanger les élèves des « bons établissements » avec ceux qui obtenaient de moins bons résultats. Les chefs d’établissements ont alors fait des classes de niveau. Elles furent ensuite interdites car les bons élèves se retrouvaient toujours dans les classes ayant le meilleur niveau. Étonnant non ! Mais il fallait absolument que tout le monde ait le même niveau ! Comme il est impossible, que ce soit en sport ou dans les autres disciplines, d’amener les élèves en difficulté au niveau des meilleurs, il a suffi de se débrouiller pour abaisser les meilleurs au niveau des élèves en difficulté. On y est assez bien parvenu jusqu’à présent. Dans beaucoup de disciplines ce n’est pas trop difficile, il suffit d’enseigner le minimum et de baisser les exigences, par exemple ne plus tenir compte de l’orthographe. On peut aussi masquer en partie les différences en remplaçant les notes par des couleurs (comme dans certains collèges de notre secteur). En éducation physique, c’est plus difficile, vous n’avez pas idée de l’imagination qu’il faut déployer pour arriver à mettre une mauvaise note à un athlète de haut niveau et une excellente note à un élève qui n’a aucunes qualités physiques. Je pourrais détailler ces processus à ceux qui sont intéressés. Il faut faire des « projets », on note aussi l’équipe en prenant soin de mettre les meilleurs avec les plus en difficulté, on va noter le progrès… Et d’une façon générale l’objectif n’est plus l’initiation et la performance sportive mais la « citoyenneté ». Ainsi je conseillerais à mes jeunes judokas qui se présenteront au bac de dissimuler leur niveau. Faire comme si vous étiez très mauvais, surtout au début d’un cycle et améliorez vous pour être bon à la fin du cycle. Quand on vous fera faire des projets : par exemple la distance que vous prévoyez de parcourir dans un temps donné, faites votre projet très en dessous de vos possibilités et remplissez le strictement, vous aurez la note maximum. C’est bête me direz-vous mais avec un système de notation stupide et injuste qui vise à abaisser les meilleurs, il faut ruser.

Nous vivons une époque moderne !

Alain Chambefort

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